Le Maître aixois reste l’un des meilleurs ambassadeurs de la ville. L’année prochaine lui sera consacrée.
New York, Paris, Londres, Philadelphie, Madrid, Saint-Pétersbourg, Tokyo… Paul Cezanne est connu dans le monde entier. Mais l’artiste qu’on ne présente plus, audacieux et moderne, resta toute sa vie attaché à la Provence et à la cité aixoise, où il naquit en 1839 et mourut en 1906. Le peintre n’avait-il pas confié : « C’est foutu, quand on est né là-bas, rien ne vous dit plus ! », cite Michel Fraisset, directeur de l’Office de Tourisme d’Aix.
Son attachement concernait aussi, bien sûr, Sainte-Victoire qu’il représenta plus de 80 fois. Une affection telle, d’ailleurs, que la renommée du peintre et celle du lieu ont fini par être associées. À Aix et dans le monde entier, parler de Sainte-Victoire, c’est parler de Cezanne. Et vice-versa. Picasso, en achetant le château de Vauvenargues en 1958, s’était même targué d’avoir acheté la Sainte-Victoire de Cezanne. Mais la vraie, l’originale ! Et Picasso considérait Cezanne comme « notre père à tous », tellement le peintre provençal s’impose comme un précurseur et l’un des pères de l’art moderne.
Encore récemment, il a eu les faveurs de la presse du monde entier.
En février 2024, une information a parcouru la planète en quelques heures, reprise en Chine, aux États-Unis, au Mexique, au Japon et en Slovénie. Le scoop était de taille : un dernier témoignage de Cezanne sortait de l’oubli ! Nous arrivait le récit d’une incroyable trouvaille… Les meilleures découvertes ne sont-elles pas celles que l’on ne cherchait pas ?
Les vestiges inédits d’une fresque originale ont été remarqués lors de travaux de restauration entrepris en vue de Cezanne 2025, dans la bastide familiale au Jas-de-Bouffan : à l’été 2023 en effet, des ouvriers sont tombés dans le grand salon sur des portions de peinture d’un ensemble jusqu’alors inconnu, qui sommeillait paisiblement sous des couches de plâtre. Il pourrait s’agir du premier panneau que le jeune Cezanne peignit chez lui : avec un ciel réparti sur la largeur du mur, des oriflammes et des mâts de bateaux, ce serait l’entrée d’un port. Ces fragments ont été authentifiés formellement par la Société Paul Cezanne, alors que l’on pensait que les peintures réalisées sur site avaient été enlevées des murs du grand salon.
Cette découverte aussi précieuse qu’inattendue d’une trace supplémentaire du génie de Cezanne l’enracine plus encore dans cette bastide et à Aix-en-Provence, où le peintre se sentait résolument chez lui...
UNE GRANDE ANNÉE CEZANNE EN 2025
2025 sera Cezanne ou ne sera pas ! Sophie Joissains a souhaité consacrer au peintre une saison culturelle ambitieuse combinant les arts vivants et le patrimoine cezannien. Et il est riche !
Bâti en 1901 sur les plans de Cezanne, l’atelier des Lauves a reçu 70 000 personnes en 2023. On y retrouve ses chevalets, ses peintures, ses vêtements de travail et les modèles de ses ultimes natures mortes. En travaux, il rouvrira en 2025.
Achetée par le père de Cezanne en 1859, classée monument historique, la bastide familiale du Jas-de-Bouffan fut pour l’artiste lieu de vie, point d’ancrage et atelier de création. Autour de la bastide se trouvent les points de vue d’où il réalisa jusqu’en 1899 une cinquantaine d’œuvres. Sans oublier évidemment Bibémus : en 1897, l’artiste commença à peindre dans les carrières, où la texture de la roche conféra à son œuvre cet ocre jaune lumineux reconnaissable entre mille.
En point d’orgue, le musée Granet accueillera de juin à octobre une exposition exceptionnelle avec 80 œuvres (aquarelles, dessins, peintures) réalisées depuis la bastide et ses alentours. Ce n’est pas tout ! À la galerie de la Manufacture, la jeunesse (dès 3 ans) pourra profiter de la Petite galerie Cezanne : une exposition sur mesure, participative et à hauteur d’enfant, pour s’immerger dans la démarche du peintre.
Bref, c’est tout Aix qui vivra au rythme de Cezanne.
Article issu du "Aix le Mag" n°61, à consulter entièrement ici