De la végétation spontanée à l’écojardin

3 questions à Jean-Noël Consalès, maître de conférences à AMU, en géographie et aménagement du territoire

« Il faut changer de regard sur la végétation spontanée » - Jean-Noël Consalès

Pourquoi laisse-t-on pousser l’herbe aux pieds des arbres en ville ?

Depuis 2017, la loi Labbé, le cadre national, oblige les collectivités locales à supprimer tout emploi de pesticides pour la gestion de leur espace public et donc depuis 2017 la Ville d’Aix est entrée dans ce mode de gestion, qui est plus précautionneux de la vie, à l’échelle de la rue.

Quel est le résultat de ce nouveau mode de gestion ?

Une explosion de la végétation spontanée dans les rues. On l’appelait jadis la mauvaise herbe, puis l’herbe folle, mais pourquoi au fond ? Il faut changer de regard. Elle est aujourd’hui considérée comme une végétation qui fait partie de la biodiversité urbaine avec un rôle a jouer, à l’intérieur de la ville.

Comment doit s’envisager cette végétation spontanée ?

Elle doit s’envisager en terme de biodiversité, car elle est extrêmement riche. Nos collègues écologues ont relevé sur les pieds d’arbres aixois, 137 espèces végétales. Ce sont donc de véritables micro-écosystèmes.


Le déclic du confinement ?

Des herbes hautes à travers les grilles des parcs, des bosquets de plantes inédits, des pieds d’arbres foisonnants, des plantes sauvages dans les interstices du bitume ou contre les façades d’immeubles, la nature avait fait un retour fracassant en 2020. La restriction des contacts et de la circulation avait permis à de nombreuses espèces sauvages de réinvestir l’espace public, habituellement monopolisé par l’homme.
Un peu moins d’entretien, plus de végétation spontanée ; l’occasion de bousculer les représentations de ce que doit être un espace vert. Ou plus simplement, de prôner le retour de la nature en ville, favorisant aussi les ressources des pollinisateurs.


Écojardin : un label pour favoriser la biodiversité

Créé en 2012, le label Écojardin rassemble à travers la France près de 600 sites, dont, depuis 2018, le parc Christine Bernard. Le dernier inventaire ornithologique, réalisé au printemps, y recensait 29 espèces d’oiseaux, celui des plantes en dénombrait plus de 115 variétés différentes.
La labellisation est valable trois ans. La Ville, qui s’est engagée à poursuivre et à développer son travail en faveur de l’environnement, a donc été auditée cette année, en vue du renouvellement du label, valable lui pour cinq ans. Les résultats seront connus à la rentrée.


Article issu du "Aix le Mag" n°49, à consulter entièrement ici