Hôtel de Châteaurenard

L’escalier en trompe-l’œil de l’Hôtel de Châteaurenard à rouvert ses portes.
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Classé Monument historique en 1990

Cet hôtel particulier, de 1650, fut commandé par un noble, Jean François d’Aimar d’Albi, baron de Châteaurenard et parlementaire à la Cour d’Aix en Provence. Il fit appel à l’architecte Pierre Pavillon (1) et à Jean Daret pour la décoration. Ces deux artistes travailleront par la suite pour l’Hôtel de Ville d’Aix en Provence.

L’Hôtel Chateaurenard est célèbre car il fut la résidence de Louis XIV lors de son tour d’inspection de la Provence en 1660. Lors de son séjour, le jeune Roi a été ébloui par la décoration de l’escalier de cet hôtel particulier : on voit des personnages qui semblent, par leur regard, vous inviter à entrer, tout un décor peint en trompe l’oeil, des plafonds et des murs peints d’une étonnante vivacité : le Roi se fit présenter ce décorateur si talentueux, le distingua et le nomma peintre de Sa Majesté ce qui valut à l’artiste aixois d’origine flamande, Jean Daret, de nombreuses commandes. Jean Daret excelle dans l’art du trompe-l’oeil et son génie éclate dans l’œuvre réalisée sur les murs et sur la voûte de ce magnifique escalier. L’artiste a représenté une colonnade dorique derrière laquelle apparaissent d’autres architectures.

Dans une composition très élaborée et très colorée il a dessiné des allégories d’arts libéraux comme la peinture, la musique, l’astronomie, autres arts.

Notons au passage que le tout jeune Louis XIV manifestait un goût très sûr pour les Arts et les Lettres et qu’avec son règne s’ouvrait une période faste pour les artistes, leur travail et leur renommée mondiale.

Ce décor qui l’avait séduit est inspiré de l’art baroque italien et vous pouvez aujourd’hui le contempler tel que le Roi l’a lui-même contemplé avant vous, pratiquement intactes, ce qui est rare. Quand vous ressortirez, vous verrez juste en face de l’hôtel un petit oratoire qui abrite une Vierge et son enfant, statue dite Notre Dame de la Seds. Aujourd’hui l’hôtel abrite la Direction des Musées et du Patrimoine d’une part et d’autre part l’Atelier du Patrimoine.

Escalier : décor en trompe l’oeil

S’ouvrant sur une cour ménagée par l’organisation en équerre du bâtiment, l’escalier d’apparat à balustres de pierre est conçu autour d’une cage carrée, conformément au schéma classique de l’escalier dit d’ostentation ou de vanité initié par François MANSARD pour l’Hôtel de La Vrillière à Paris.

A Aix, on innove. Au volume créé par l’architecte s’ajoute, en le dilatant, un nouvel espace d’illusion créé par le peintre. Suivant l’exemple du trompe-l’œil imaginé à Bologne, il peint selon un double focus des perspectives volumétriques et architecturales.
L’escalier est éclairé au Sud par quatre fenêtres sur deux niveaux donnant sur la cour intérieure. Les trois autres côtés et le plafond sont entièrement recouverts par le trompe l’œil de DARET.

Répondant à la balustrade conçue par l’architecte à gauche de l’escalier, une balustrade feinte accompagne les marches sur le mur de droite jusqu’au premier étage ; au départ de l’escalier, le peintre a représenté dans une niche une statue d’empereur romain en marbre blanc de Carrare.
A côté, inattendu dans ce décor italianisant… un laquais écarte d’une fenêtre un rideau pourpre.

Le mur suivant est occupé par une extraordinaire perspective fuyant vers le bas et intégrant une niche avec une statue d’Hercule. Au premier plan, une imposante colonnade dorique donne une vision de péristyle et de voûtes de palais antique ouvrant sur un parterre végétal, offrant à l’habitant un jardin de rêve, à défaut d’un vrai jardin que la trop forte densité architecturale de la vieille ville médiévale ne permettait pas de réaliser… La peinture du troisième mur présente une fenêtre au rideau rouge baissé et une niche avec la statue du roi Salomon.

Dans les voussures, des grisailles représentent les bustes de Pallas, Mercure, Apollon et Louis XIV, se détachant dans des œils-de-bœuf qui laissent entrevoir une portion de ciel bleu.
Ces bustes sont flanqués de figures allégoriques des arts libéraux : la Grammaire, la Rhétorique, la Géométrie, l’Arithmétique, la Musique, l’Astrologie, la Logique, la Peinture et la sculpture, entourées de putti évoluant parmi les guirlandes d’acanthes fleuries et les coquilles. Certaines des figures enjambent hardiment la corniche.

L’allégorie de la peinture est occupée à peindre le blason du maître de maison, AYMAR d’ALBI, Baron de Châteaurenard. Aux attributs de la Logique, le peintre a ajouté un cadenas à cercles qu’un génie ouvre avec une clef, dont les lettres reproduisent le nom de DAYMAR chevauchant celui de DARET.
A l’angle, diagonalement opposée, l’Arithmétique montre du doigt sur un tableau la date de l’ouvrage : 1654.

Recherchant la prouesse technique, le peintre scénographe n’hésite pas, pour le plafond, à réaliser sur une toile la vue audacieuse d’une fausse balustrade soutenue par des consoles à décor d’acanthes et, aux quatre coins, par de jeunes atlantes. Au centre une percée céleste dilate l’espace où triomphe la Vertu sous les traits de Pallas ; sur le phylactère qui flotte, on peut lire : "Virtus Immortalis".


(1) Pierre PAVILLON est architecte et sculpteur (né à Paris en 1612- et mort à Aix en 1670). Il est le principal architecte du premier baroque à Aix. On compte parmi ses œuvres, la chapelle de la Visitation (rue Mignet), les hôtels de Boisgelin et de Lestang Parade (place des quatre dauphins et rue de l’Opéra), l’hôtel de ville, le Pavillon de Vendôme (rue Celony), l’hôtel Maurel de Pontevès (cours Mirabeau) ou encore la chapelle rurale de Saint-Mître.


Adresse :
Hôtel de Chateaurenard
19, rue Gaston de Saporta
Aix-en-Provence