Aix, sa vigne et sa lavande, ses légumes et ses céréales, ses oliviers et ses amandiers, peuplant champs, plaines et coteaux… Derrière l’idyllique carte postale, l’agriculture sur le territoire aixois est à la fois une réalité ancienne et un secteur important de développement du territoire. Les surfaces agricoles utilisées ont toujours été importantes : elles occupent désormais 4 128 hectares (1), avec 144 exploitations qui représentent quelque 450 emplois. Certains quartiers et villages sont très tournés vers l’agriculture, comme Puyricard, les Milles jusqu’à la Duranne, ou Luynes. Les terrains agricoles côtoient les zones urbanisées ; une mosaïque adaptée aux circuits courts, allant du producteur au consommateur, comme les marchés de producteurs locaux, les paniers paysans, la vente directe à la ferme… L’agriculture aixoise incarne cette filière de proximité : 38% des exploitations proposent leur production en circuit court.
Traditionnellement, les filières dominantes sont la vigne, les céréales et le maraîchage. Mais le territoire aixois incarne la diversité des cultures. Parmi ces filières, 36 % de la surface agricole utile sont dédiés à la céréaliculture, et tout autant à la viticulture. Aix est un pôle viticole de premier plan, avec trois AOC (appellations d’origine contrôlée) ; 14 % des surfaces agricoles utiles sont consacrés à la polyculture et à l’élevage et 9 % au maraîchage avec plusieurs dizaines d’exploitations spécialisées dans la production de légumes ; 3 % sont utilisés pour l’arboriculture, et 2 % pour l’élevage. Par ailleurs, 14 % des surfaces agricoles sont exploités en bio.
(1) Données 2020, source : Agreste, RGA, PAT de la Métropole AMP
Éco-pâturage : les animaux à la manoeuvre
La Ville organise depuis 2019 de l’éco-pâturage urbain avec un cheptel d’une cinquantaine de moutons, et des chèvres désormais, au bois de la Cortésine ou aux abords de l’Arc. En broutant, les animaux réduisent les déchets et permettent une fertilisation naturelle des sols. Cet entretien des espaces verts et naturels permet de préserver la biodiversité en évitant les nuisances des interventions mécaniques.
Les paniers de Cérès : le bio en héritage
Maurice Audier a pris dans les années 1970 le tournant du bio. Sa fille l’a rejoint, puis sa petite-fille. Portrait de famille.
Tout commence en 1921, quand Marius défriche une campagne avec sa femme Albertine, faisant d’une terre inculte une exploitation. Maurice, leur fils, les rejoint puis reprend en 1960 les rênes de ce terrain maraîcher :
« Mon père, mon mentor, cultivait selon les règles traditionnelles de la paysannerie », confie Maurice Audier, 96 ans. Après la Seconde Guerre mondiale, apparaissent l’industrie et la mécanisation, les traitements chimiques aussi. « Les légumes sont plus gros et poussent plus vite », raconte-t-il. Mais, car il y a un mais, ces produits forcent la végétation et entraînent des déséquilibres.
Alors au début des années 1970, il revient à une gestion naturelle de la terre, comme son père, devenant un pionnier de l’agriculture biologique. Céréprim prend le tournant du bio. Sa fille Danièle, 18 ans, rejoint alors l’exploitation. Ils ouvrent leur magasin, à côté des champs. Pour se faire connaître, la famille dépose des tracts dans les boîtes aux lettres, sensibilise aux vertus du bio.
Depuis plusieurs années, c’est Magali Morel, 47 ans et incarnant la quatrième génération, qui est responsable de l’exploitation agricole. Son grand-père Maurice Audier s’est retiré et Danièle a aussi pris sa retraite en 2023 à 71 ans. Même si tous deux ne sont jamais bien loin des serres où poussent tomates, courgettes, brocolis, melons, concombres, pommes de terre, figues, fraises, pastèques… « On a gardé notre éthique, notre dimension, notre économie », assurent-ils ensemble.
Après 53 ans, le magasin a fermé ses portes fin 2023, avec la liquidation judiciaire de Céréprim. Mais on retrouve désormais Les Paniers de Cérès, toujours au 30, chemin des Cavaliers ! Les serres sont encore là, la première datant de 1964, et les cultures de qualité. « Nous avons repensé le modèle économique avec un site internet pour proposer nos produits ». La clientèle peut aussi acheter plants, produits laitiers… tout bio. L’aventure impulsée par Maurice Audier, pionnier du bio, et même son père avant lui, se poursuit. « Pourquoi avoir repris ? Il n’était pas question d’arrêter ! », sourit Magali Morel.
Le saviez-vous ?
De nombreuses exploitations agricoles aixoises proposent la vente à la ferme ; citons aussi le GAEC les Bougainvillées, Les Jardins de Léa, La ferme de Puyricard, Les Jardins de la présidente ou encore La ferme Dagatti. On compte 144 exploitations agricoles sur le territoire ; 38 % des exploitations aixoises proposent leur production en circuit court et de proximité (vente directe à la ferme, marchés de producteurs, paniers paysans…).
Article issu du "Aix le Mag" n°60, à consulter entièrement ici