Longtemps resté à caractère rural, le quartier du Faubourg a fait l’objet de nombreuses transformations. Le quartier fourmille d’anecdotes historiques. Récit au travers de six d’entre elles.
VILLEVERTE, LA FONTAINE AUX DEUX USAGES
En 1683, un certain Monsieur de Sylvacane, propriétaire d’une source, donne son accord et la propriété de l’eau pour y édifier une fontaine. Les animaux devaient pouvoir continuer à s’y abreuver, le point d’eau sera donc déplacé non pas sur, mais à côté des voies de circulation, emplacement actuel de la fontaine.
Conçue à double face par Armand Escursan, la fontaine Villeverte est constituée d’un côté d’un bassin bas, de forme arrondie, pour abreuver les bêtes, et de l’autre, une prise d’eau à hauteur d’homme dans une petite vasque en forme de conque, intégrée dans le piédestal. Au sommet, un vase de bronze termine la construction.
LES THERMES, DU DÉBUT À LA FIN
Aquae Sextiae signifie « les eaux de Sextius » et l’installation des romains sur ce site s’accompagne rapidement de la construction d’un ensemble thermal. Les thermes sont toutefois détruits par les invasions barbares, et ne sont pas reconstruits à l’époque médiévale. Le Christianisme condamne alors avec fermeté ces « Bains de Volupté ». Les eaux thermales furent retrouvées en 1704. Les nouveaux thermes voient le jour sur les remparts, pour devenir les Bains de Sextius.
En vertu de la loi du 14 juillet 1856, une demande est formulée pour faire déclarer la source d’intérêt public. En 1858, les bâtiments sont doublés, le système balnéaire complété par un vaporium, des salles d’inhalation et une piscine pour la natation. Une transformation qui en quadruplera sa taille. Toujours en 1858, un certain Monsieur Philibert signe avec la Ville le premier contrat d’affermage des Thermes, pour une durée de 23 ans. D’autres contrats suivront. L’exploitation de l’établissement thermal d’Aix-en-Provence sous cette forme cessera en 1990.
LA TOURRELUQUE
Autour de la rue des Étuves, le quartier des Thermes se situe dès le Moyen-Âge entre la cathédrale et la Tourreluque.
Cette tour de guet - reluquer vient du vieux français luquer, qui signifie regarder - est un vestige de l’ancienne enceinte. Aujourd’hui contiguë à l’établissement des thermes Sextius, dont elle est la limite nord, la Tourreluque est une tour d’angle du XIVe siècle, vestige des remparts construits au Moyen-Âge autour de la ville.
LE MARIAGE DE PAUL CÉZANNE
L’église Saint-Jean Baptiste du Faubourg, sur le cours Sextius, peut se prévaloir d’avoir célébré en son sein le mariage de Paul Cézanne et d’Hortense Fiquet, le 28 avril 1886. Après seize années de concubinage, leur mariage fit alors figure de régularisation tardive, le Maître d’Aix ayant ensuite immortalisé son épouse à travers de nombreux portraits peints jusqu’à la fin des années 1890.
La mise en chantier de l’église avait été permise 200 ans plus tôt par le legs du chanoine du Chaine en 1684. Les travaux, confiés à Laurent Vallon, s’achèvent en 1702. L’église est d’un style sévère au premier abord mais était initialement conçue avec un plan central inhabituel en forme de croix grecque et non latine portant la marque de ses architectes. Cinq coupoles étaient prévues à l’origine, mais seuls la nef centrale et le bas-côté sud ont finalement été réalisés, en raison de difficultés financières. Les voûtes s’effondrent en 1755 et sont reconstruites. Le bas-côté nord actuel sera ajouté au début du XIXe siècle.
LE MARCHÉ AGRICOLE DU FAUBOURG
Un important marché agricole se tient au Faubourg le 17 septembre de chaque année, à partir de 1840 et jusqu’au début du XXe siècle. Un moment bien choisi. La récolte des céréales et légumes est rentrée, ainsi que celles des olives et des amandes. Par ailleurs, il précède le 29 septembre, date à laquelle a lieu le changement des métayers, de sorte que tous ceux qui quittent une métairie pour une autre vendent ou achètent bétail et matériel.
La partie du cours Sextius qui va du faubourg des Cordeliers jusqu’à la rue de la Molle est par ailleurs, dès le XIVe siècle et jusqu’au XIXe siècle, un quartier où habitent principalement les plâtriers et les tuiliers. Active de 1863 à 1875, la tuilerie de Louis Gasc et de Joseph Poucel est encore localisée sur la Traverse du Bras d’or, sur le Mont Perrin.C’est à partir de 1880 que le marché des briques et tuiles va connaître un fort ralentissement. À l’issue de cette crise, les petits établissements disparaîtront et il ne restera à Aix que la tuilerie des Milles.
- Les briques de la façade de l’école Sextius, témoins du passé industriel du Faubourg
LA FOIRE D’EMPOIGNE
C’est en 1666, qu’un projet de cours, appelé le Faubourg est envisagé le long des remparts bordant le quartier
des Cordeliers. Sa réalisation, finalement décidée en 1670 par une délibération du Conseil de Ville se fera à la fin du XVIIe siècle, grâce au comblement des fossés. A l’époque, le Faubourg, axe de communication des Alpes vers Marseille, est un lieu de passage. On y trouve un grand nombre d’auberges et d’hôtelleries. La présence des foires
lui donne aussi un regain d’activités, notamment la Foire de la Fête-Dieu qui se tiendra sur ce cours jusqu’à la
fin du XVIIIe siècle.
En 1774, le projet de transférer la foire de la Fête-Dieu du Faubourg, sur le Cours, suscite une forte opposition
de ses habitants. Un contexte de contestation, qui aboutit à un grand classique : la Foire se divise en deux, une partie vers le grand Cours et l’autre au Faubourg.
- Paravent de la Fête-Dieu (2e face), XVIIIe siècle, musée du Vieil-Aix
Article issu du "Aix le Mag" n°58, à consulter entièrement ici