Rayonnement : 3 questions à Sophie Joissains

Interview issue du "Aix, le Mag" n°61

« Le quotidien des 150 000 Aixois est aussi le mien »
Sophie Joissains, maire d’Aix-en-Provence

Faut-il privilégier l’attractivité de la ville au détriment de la qualité de vie des Aixois ?

Je ne poserais pas la question comme cela. L’attractivité ne s’oppose pas au bien-être des Aixois. Leur qualité de vie est aussi le fruit de notre rayonnement. La proximité, la vie du quotidien sont liées à l’aura de la ville, à sa capacité à fasciner au-delà de ses frontières et à capitaliser sur ses atouts. Rien ne serait pire que le repli.
Vous le savez, j’ai été élue en 2021 à la tête d’une équipe municipale à qui j’ai expliqué très clairement ma feuille de route en réponse aux besoins des Aixois.
Le quotidien des 150 000 habitants est aussi le mien. J’aime ma ville et les Aixois. Je les écoute, je les entends. Dans cette optique, j’ai mis en place des Conseils de Quartier pour nouer dans chaque quartier et village un lien privilégié entre les habitants, les associations, les commerçants et les forces vives de la ville. J’ai créé un Conseil Consultatif Civil et Citoyen pour réfléchir ensemble à la ville et à son avenir au travers des grandes questions qui préoccupent chacun d’entre nous. J’aime le dialogue. La concertation est au cœur de nos projets. Je fonctionne avec et pour les Aixoises et les Aixois, dans une relation directe.

Mais l’afflux de touristes ne nuit-il pas au quotidien des Aixois ?

Je ne le pense pas. Aix a toujours été une ville convoitée, visitée ; elle jouit d’un patrimoine historique et culturel qui forge notre identité. Il est notre fierté. Il fonde nos atouts. À nous de le faire fructifier en le préservant et en le valorisant auprès des Aixois et en le révélant à la curiosité des visiteurs.
Le tourisme a généré l’an dernier 413 millions d’euros de chiffres d’affaires. Cela profite aux Aixois, aux commerçants, aux restaurateurs, aux acteurs économiques qui font vivre notre ville et ses habitants. Au cours de ces quinze dernières années, la politique municipale consistant à piétonniser le centre-ville contribue, par exemple, à pacifier les usages, à stimuler les échanges et à favoriser le bien vivre ensemble.
Le schéma directeur du commerce vise également à prioriser les besoins des Aixois pour que la ville ne se transforme pas en une « ville-musée » et qu’elle préserve son caractère et sa dimension humaine. Cela se traduit sur le terrain par la mise en place d’un droit de préemption commercial. En écartant les implantations anarchiques, ce schéma a pour mission de satisfaire les besoins des Aixois et de préserver leur environnement dans le respect de leurs attentes et de la diversité de l’offre commerciale.
Nous ne voulons pas de dark kitchen mais une diversité de restauration de qualité. Nous voulons pérenniser les artisans et commerces de bouche tels que par exemple des bouchers, poissonniers, épiceries pour chaque centralité, y compris le centre-ville. C’est une traduction au quotidien de la proximité qu’attendent les Aixois.

Selon vous, le tourisme rapporte donc à Aix plus qu’il ne coûte ?

Il n’y a qu’à voir les chiffres des retombées économiques sur les filières concernées, sur l’emploi et sur les finances de la Ville.
Quant aux conséquences de notre attractivité, elles sont liées davantage aux questions de mobilité que d’hébergement. Notre offre hôtelière est adaptée aux flux liés au tourisme saisonnier ou d’affaires. Pour ce qui est de la mobilité, avec l’aide de la Métropole, nous avons poursuivi notre politique de stationnement des cars et bus de tourisme en périphérie du cœur de ville afin de ne pas pénaliser les déplacements personnels ou professionnels des Aixois.
En sillonnant silencieusement les rues du centre-ville, les « diablines » électriques, conçues par le Pays d’Aix répondent avec efficacité et originalité aux contraintes d’une vieille ville aux rues étroites ; et aux nécessités des Aixois, comme de nos hôtes, en leur offrant de parcourir le centre-ville sans difficulté quels que soient leur âge ou leurs difficultés de déplacement.


Article issu du "Aix le Mag" n°61, à consulter entièrement ici