Sophie Joissains, Maire d’Aix-en-Provence : "Il est temps de construire cette ville de demain, dès aujourd’hui"

Interview issue du "Aix, le Mag" n°60.

Comment appliquer le concept de « ville du ¼ d’heure » à Aix-en-Provence ?

Sophie Joissains : Aix-en-Provence a son histoire et son développement, non pas d’un seul cœur de ville mais également de quartiers et de villages qui ont tous leur spécificité : on parle de centralités.

Aix est une des communes les plus étendues de France (18,600 ha) et aujourd’hui, quand on parle de l’aménagement de la ville, il est important d’envisager plus encore qu’hier, le quotidien à l’échelle de chaque quartier et village. Le travail, les services, les loisirs ou les commerces de proximité doivent être accessibles sans utiliser la voiture. Cela suppose de bénéficier de transports en modes doux tels qu’un réseau de bus propre ou de voies vélo, mais également de penser l’aménagement de la ville pour que toutes les commodités soient au plus près des habitants.

Alors que le monde connaît une crise climatique (et ses conséquences sur les températures, les réserves en eau potable et la biodiversité) la question du palliatif au « tout-voiture » s’impose. Nous devons accélérer notre réduction des émissions de gaz à effet de serre et aménager la ville dans ce sens.

Comment rattraper le retard sur la mise en oeuvre ?

Nous n’avons aucun retard en la matière car cela fait des années que cette réflexion est menée même si aujourd’hui, nous vivons une accélération. Nous travaillons avec l’Agence d’Urbanisme du Pays d’Aix
(AUPA) sur ces sujets depuis longtemps. Aujourd’hui, 79 % des Aixois peuvent trouver les services du quotidien à moins d’1/4 d’heure à pied ou à vélo. Et le BHNS qui traverse la ville d’ouest au sud-est permet également d’éviter la voiture en centre-ville. Les prochaines lignes de BHNS Est (vers Malacrida) et Sud (vers les Milles – La Duranne) permettront d’améliorer encore la situation.

Ce qui est nouveau, c’est que les centralités seront revues également dans leur développement sous le prisme des courtes distances. La finalisation du schéma de développement des voies vélo doit permettre en 2026 de relier toutes les centralités au centre-ville. Enfin, le droit de préemption commercial mis en place par la Ville progressivement dans chaque centralité permettra de mieux assurer la présence des commerces du quotidien.

Avez-vous quelques exemples de réalisations de cette ville des proximités ?

Dans chaque quartier et village, il y a déjà un service public de proximité, une mairie de quartier, une école, un centre social, des équipements sportifs et culturels, nous devons y inclure des commerces de proximité.

Nous avons organisé un atelier citoyen avec les habitants de Célony le 12 avril 2023 pour leur expliquer le dispositif et les faire participer afin de partager nos visions sur les besoins. La mise en œuvre sera progressive et pourra se dupliquer sur d’autres villages ou quartiers. Une démarche du même type a été conduite sur Puyricard.

Nous avons identifié par exemple sur les pôles médicaux que certaines centralités comme le Jas de Bouffan étaient sous dotés (à l’inverse du centre-ville), nous essayons donc de favoriser l’implantation de professionnels de santé sur ces secteurs en priorité.

J’ai demandé que le futur PLU intercommunal du Pays d’Aix nous aide à accélérer sur la ville des courtes distances : nous rendons de l’espace agricole et naturel et nous développons en contrepartie l’urbain autour du centre et des centralités selon 3 niveaux de densité urbaine, pour respecter au mieux les cadres de vie. L’aménagement se fera donc en fonction de la capacité à répondre aux enjeux de proximité.


Article issu du "Aix le Mag" n°60, à consulter entièrement ici