Les Promesses de L'Aube

Cette 2e édition est teintée aux couleurs du Liban.
Comment créer dans une société qui s’effondre et se délite, comment se construire malgré le tonnerre qui gronde et les dissensions qui semblent insurmontables ? Dans un contexte politique et sociétal troublé, les écrivains et artistes sont à la
fois témoins, acteurs et narrateurs de l’histoire, et contribuent à façonner une mémoire collective. Ils sont aussi porteurs d’un imaginaire, qui permet de redonner du sens, de changer les perceptions, et d’être source de changement.

Ces questionnements résonnent bien au-delà des frontières libanaises et nous disent le monde tel qu’il est aujourd’hui. Les invités du festival s’en font les porte-voix, quelle que soit leur nationalité, en tant que citoyens du monde.

Les Promesses de l’Aube est un événement conçu et réalisé par la Ville d’Aix-en-Provence avec le soutien de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Institut Français du Liban, l’action culturelle de la SOFIA, la Fondation Jan Michalski.

PROGRAMME
MERCREDI 27 NOVEMBRE
16h Entretien avec Charif Majdalani : Du poème au roman, dire l’espace libanais
L’œuvre romanesque de Charif Majdalani s’ouvre par une citation de Saint-John Perse : « C’est là le train du monde et je n’ai que du bien à en dire. » L’éloge et l’épopée donnent leur impulsion à la phrase et au récit de prose, narrant les errances de ce qui aurait pu être un récit de fondation. Le pays du Cèdre constitue son mythe, dans la multiplicité des vies qui s’y croisent, qui en partent, qui y reviennent. Mais les choses se sont aggravées, avec l’accumulation des crises. La célébration cède le pas à la chronique de l’effondrement, celui du Liban et de l’Orient tout entier.

Rencontre animée par Stéphane Baquey
Organisation : Fondation Saint-John Perse, en collaboration avec Aix-Marseille Université

18h Lecture théâtralisée : Journal d’un effondrement
Au début de l’été 2020, dans un Liban ruiné par la crise économique, dans un Beyrouth épuisé qui se soulève pour une vraie démocratie, Charif Majdalani entame la rédaction d’un journal. Il entend raconter cette période déroutante, la confronter à son expérience, à ses réflexions et à ses émotions – peut-être aussi espère-t-il ainsi la supporter. Mais le 4 août, le port de la ville explose. Devenue alors témoignage du cataclysme, cette chronique de l’étouffement dresse le portrait sensible d’une cité stupéfiée par la violence, au cœur de laquelle les habitants chancellent, jouets d’un destin aussi hasardeux que cruel.

De l’Auguste Théâtre, avec Bruno Bonomo et Pascal Rozan ; mise en scène : Claire Massabo.

JEUDI 28 NOVEMBRE
18h Entretien avec Camille Ammoun : Beyrouth dans le monde
C’est à travers une approche psychogéographique, basée sur l’écoute et la lecture du paysage que le politologue Camille Ammoun analyse Beyrouth depuis plusieurs années. Il reviendra sur l’imaginaire véhiculé par les européens autour de cette ville et ce qu’elle est aujourd’hui dans le paysage mondial.

Rencontre animée par Muriel Calvet, en co-réalisation avec l’Université populaire du Pays d’Aix.

20h30 Concert littéraire : Café Badaro
Installé à la terrasse du Café Badaro à Beyrouth, le narrateur observe ses contemporains, se perd dans ses rêveries, remonte dans les méandres de ses souvenirs. L’intime et les sentiments expriment la perte, la nostalgie, mais aussi les couleurs de l’amour et l’art de se réinventer.
Dans ce concert littéraire, Albin de la Simone, compositeur-interprète, s’empare de textes écrits par Charif Majdalani, (Mille origines et diverses chroniques), pour les mettre en regard avec ses chansons et proposer aux spectateurs de créer leurs propres associations.

Création inédite de la Ville d’Aix-en-Provence, avec le soutien de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur et de l’Institut Français du Liban.

VENDREDI 29 NOVEMBRE
10h-15h Journée professionnelle : Information, culture et patrimoine en temps de crise

En co-réalisation avec l’ARL PACA, l’IUT Métiers du Livre et Aix-Marseille Université.

10h Table ronde : Faciliter l’accès à l’information et à la culture
Comment l’économie du livre résiste-t-elle en temps de crise économique et politique ? Quels sont les acteurs, les outils et les dispositifs mis en place pour faire perdurer la circulation de l’information et la diffusion de la culture et de la littérature ?

13h30 Table ronde : La protection du patrimoine et des archives
Le patrimoine culturel (matériel ou immatériel) est reconnu par l’UNESCO comme une source identitaire significative, mais aussi comme un marqueur d’évolution de la société, point essentiel de cohésion sociale et du développement. Quels programme existe-t-il pour le sauvegarder ?

16h Débat d’idées : La mise en récit des sciences sociales

Rencontre avec Camille Ammoun et Adrien Chevrier sur les mises en récits des sciences sociales : du récit fiction au documentaire sonore, comment analyser et rendre compte des événements sociaux ?
Le politologue Camille Ammoun et le réalisateur Adrien Chevrier reviennent sur la façon dont ils ont abordé les mouvements sociaux libanais (2025 et 2019).

La rencontre sera précédée de la lecture-performance Octobre Liban, par Camille Ammoun
Rencontre animée par Dilek Yankaya, Maître de conférences et responsable du Master Sciences sociales du politique à Sciences Po Aix

>Voir aussi : écoute publique “Liban, présent brûlé”, samedi à 10h, à la bibliothèque Michel Vovelle

19h Performance : Francis El Boun

Alors que le nom de François Beaune est traduit en arabe sur la couverture du livre qu’il publie au Liban, l’auteur s’interroge sur les origines et l’histoire de cet alter ego : quelles sont les amours, les préférences culinaires de Francis El Boun ? Quelles sont ses lectures ? Qu’a t-il fait tout ce temps sans le connaître ?
François Beaune et le metteur en scène Omar Abi Azar cherchent avec la complicité du public, dans un bel élan d’écriture orale et collective, à préciser l’identité de cet homme dont la vie croise dans un premier temps la petite et la grande Histoire du Liban, ensuite celle de la Tunisie des années 80 et plus récemment celle de l’Ecosse.

avec François Beaune et Omar Abi Azar

20h30 Lectures : Beyrouth, rivages

Quatre narrateurs parcourent les rivages de Beyrouth. A travers la description de sa géographie et des paysages de ses rives, c’est l’histoire de la ville toute entière qu’ils nous livrent, ses ambitions, failles et déroutes, comme gravées dans le champ visuel.

La Ville d’Aix et Beyt el Kottab (la Maison internationale des écrivains de Beyrouth) ont invitée Maylis de Kerangal à écrire aux côtés de trois auteurs libanais incontournables, dont le travail est le reflet de cette société : Camille Ammoun, Charif Majdalani et Hyam Yared.

Cette co-écriture a reçu le soutien de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur et de l’Institut Français du Liban.

SAMEDI 30 NOVEMBRE

11h Discussion : Créer à partir de l’effondrement

Danya Hammoud grandit au Liban dans un contexte de violence latente et voit dans la danse un acte cathartique. Depuis 2019, elle travaille en France et ne cesse d’interroger son rapport à une mémoire, à une histoire, à partir de ses propres rêves.
> Voir aussi Devenir crocodile (2022), à 18h au Pavillon noir

Omar Abi Azar est metteur en scène et membre fondateur de Zoukak Theatre Company, codirige depuis 2013 « Zoukak Sidewalks Festival », une plateforme internationale pour les arts de la scène. Il travaille sur l’expérimentation de formes tragiques, enseigne la thérapie par le théâtre auprès d’enfants, dirige des workshop et mène des ateliers au Liban et à l’international.
> Voir aussi Francis el Boun, samedi, à 20h, à l’amphithéâtre de la Manufacture

Rencontre animée par François Beaune, écrivain

12h Brocante littéraire : objets en transit

Que nous racontent les objets glanés par les brocanteurs ? Muriel Abichaker, illustratrice et brocanteuse passionnée, présentera un certain nombre d’objets atypiques, chargés d’histoires et d’Histoire.

15h Théâtre musical : Duplique

Duplique est du théâtre musical présenté dans un geste simple d’adresse au public, comme du théâtre de rue, comme un mini concert parlant. Les textes de Duplique sont extraits de « Et insubmersible dans la seconde qui suit » et « Les terriens », deux textes de Claire Rengade édités aux Éditions Espaces 34 , et autres inédits.
Que faire des groupes dont on ne veut pas ? Si, déjà d’un point de vue climatique, nous sommes tous « migrants en puissance », il s’agit de faire ressentir ce que migrer veut dire : partir, errer, ne pas savoir où aller, se voir refuser où aller, ne pas pouvoir entrer ni sortir, ne pas parler la langue, faire famille avec un groupe sans géographie… et faire face aux machines politiques, numériques, médiatiques.. le tout décliné en situations drôlatiques, poétiques et absurdes.

avec Claire Rengade, Pierre Horckmans et Pierre-Jean Etienne
Production La Millième / Coproduction La Cave Poésie/ Sélection Prix Incandescences 2023 (maquette)

16h Rencontre : Portraits de femmes

avec Lena Merhej et Joumana Haddad (sous réserve)
Dans leurs ouvrages respectifs, nos invités mettent en mot et en dessins des portraits de femmes fortes, issues de leur entourage ou des sociétés des mondes arabes. Chacune à leur façon, elles militent pour la défense des droits des femmes et de la laïcité.

18h Danse : Devenir crocodile

Devenir Crocodile prend comme points de départs plusieurs matières, des gestes
anachroniques qui cherchent leur place, des récits de rêves peuplés d’une foule de crocodiles et d’autres animaux sauvages, des murs à escalader et une ville-périple, des enregistrements sonores d’une certaine période d’enfance - tel un hymne national dont les paroles ont été oubliées. De la superposition de ces matières nait un récit. À l’image de notre temps où la clarté est plutôt médiocre, la texture de ce récit s’annonce rugueuse et cauchemardesque.

de et avec Danya Hammoud, composition sonore de David Oppetit. En co-réalisation avec le Pavillon Noir

20h30 Concert dessiné : Une éducation orientale

Il n’est sans doute pas facile de se définir lorsqu’on est né à Bagdad d’une mère d’origine grecque et d’un père arménien, et qu’on a grandi à Beyrouth jusqu’à l’âge de 10 ans, juste avant que n’éclate la guerre civile au Liban... À travers ses propres souvenirs et la reconstitution de son histoire familiale, Charles Berberian nous invite à partager son retour aux origines, qui s’impose comme le livre le plus intime et universel de toute son œuvre. Un plaidoyer humaniste en faveur du dialogue entre les cultures, mis en images avec chaleur et générosité.

Avec Charles Berberian et Ian Aledji

SAMEDI 30 NOVEMBRE
10h30 Atelier BD
avec Lena Merhej
Jeune public

ÉCOUTE PUBLIQUE

SAMEDI 30 NOVEMBRE
Diffusée en continu à partir de 10h Liban, présent brûlé
Une série documentaire d’Adrien Chevrier, réalisée par Séverine Cassar, produite et diffusée par France Culture.

1990. La guerre civile qui a déchiré le pays, ses communautés, ses villes, ses habitant.es, s’arrête avec la signature des accords de Taëf (1989). Cette série de quatre épisodes s’applique à raconter la période qui s’ensuit, et les désastres et les impasses qui, malgré un semblant de paix, se suivent et s’enchevêtrent depuis trente ans : un pays qui refuse obstinément son travail de mémoire, la mainmise d’une classe politique empoisonnée par le népotisme, la violence et la corruption, des séries d’assassinats politiques (épisode 1), l’effondrement total du système économique et financier du pays en 2018 (épisode 2), d’immenses soulèvements populaires en 2005, 2015 et surtout 2019 (épisode 3), l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020 (épisode 4).