Parmi les monuments les plus particuliers d’Aix-en-Provence figure le théâtre nô. Il a été offert en 1992 à la Ville d’Aix-en-Provence par la famille Kano, dynastie réputée de l’art ancestral du nô. Tanshū Kano, décédé en 2016, était maître de nô de l’école Kita et citoyen de la ville de Kumamoto, élevé au rang de « Trésor national vivant ». Officier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2009, il a également été nommé Commandeur des Arts et des Lettres à titre posthume cette même année 2016. Il avait consacré sa vie à promouvoir cet art.
Ce théâtre, installé au parc Saint-Mitre, constitue une exception mondiale car il est la seule scène de théâtre nô en bois de cyprès du Japon (hinoki), originale, construite et utilisée au pays du Soleil-Levant, qui soit en dehors de l’archipel. Ce don de grande marque a été le point de départ de multiples échanges avec Aix-en-Provence. En effet, le théâtre nô est un élément important dans les relations de la Ville avec celle de Kumamoto. Et il sert régulièrement d’écrin pour diverses manifestations autour du nô et de la culture japonaise.
Un jardin japonais
Le parc Saint-Mitre offre un nouvel espace de promenade qui prête à la méditation et au voyage… en Asie. Autour du théâtre nô a été conçu un écrin de verdure de 6 500 m², selon les codes du jardin japonais, mais avec des essences de la garrigue méditerranéenne. Il a été réalisé en 2021 par la direction des Espaces verts d’Aix-en-Provence, et imaginé en collaboration avec le Bureau des parcs et l’association des jardiniers paysagistes de la ville partenaire de Kumamoto, pour donner une âme nippone au lieu.
Une quarantaine d’arbres au total ont été plantés là et les massifs étoffés pour redessiner cette partie du parc. Depuis le premier bassin, l’eau serpente en cascades entre les roches calcaires le long d’une petite rivière jusqu’à l’île de la tortue, en contrebas du théâtre nô. Derrière, une représentation du mont Komezuka apporte un élément paysager de la préfecture de Kumamoto au cœur du jardin.
Plus de détails sur le jardin japonais ICI
Découvrez comment a été conçu ce jardin japonais avec Simon Melling, paysagiste de la Ville d’Aix-en-Provence qui a participé à sa réalisation, en cliquant ici.
Une forme de théâtre ancestrale
Le théâtre nô puise sa source dans les formes les plus anciennes du théâtre japonais, durant l’Antiquité. Après plusieurs évolutions, cette forme théâtrale est codifiée au XVe siècle et impose désormais des règles strictes pour les kimonos, les masques (il en existe 138 différents, sculptés en bois de cyprès, puis peints et laqués), la musique, la scène.
Le théâtre nô, joué uniquement par des hommes, devient un art raffiné destiné à l’élite militaire et politique du Japon. Les acteurs jouent des drames lyriques au style dépouillé, alliant des chroniques en vers à des pantomimes dansées. Ils sont accompagnés par quatre musiciens et un chœur, sur une scène aux caractéristiques tout autant codifiées. Elle mesure environ 6 mètres de côté, surplombée d’un toit traditionnel shintô soutenu par 5 piliers en bois. Une représentation simple et traditionnelle d’un pin japonais orne généralement le fond.
Parcourez le Guide du théâtre nô ci-dessous pour en savoir plus :