La Passion d’Aix

Mai / Juin 2023

MILLOIS, ESSENTIEL POUR DÉTERMINER LE SOUTIEN OU PAS DE LA MUNICIPALITÉ AU PROJET MÉTROPOLITAIN

À l’initiative des villageois, dont la voix a été portée par le Maire Adjoint des Milles, le Maire d’Aix-en-Provence a demandé à la Communauté du Pays d’Aix de travailler sur un projet à même de désengorger la circulation au sein du village des Milles ; il s’agit de la voie de contournement dénommée « voie nouvelle urbaine » pour que le flux de véhicules entre la RD18 et la RD9, ne transite pas par le cœur du village des Milles.

La Métropole Aix-Marseille-Provence a lancé une concertation publique en 2019 sur plusieurs options de tracés, ainsi que des études de circulations et une étude environnementale. En parallèle, la Métropole a procédé à des acquisitions foncières permettant les emprises nécessaires au projet à la suite de cette concertation publique. Un tracé définitif a été choisi par la Métropole en 2021.

Devant l’opposition d’une partie de la population milloise exprimée par la voix d’associations, la municipalité a décidé de sonder globalement l’avis des millois afin de le porter à la connaissance du maître d’ouvrage qu’est la Métropole.

La proximité et la concertation sont un marqueur important de ce mandat. Tous les avis doivent pouvoir s’exprimer librement, dans un cadre neutre et apaisé. S’agissant d’un dossier métropolitain, nous avons donc procédé à un mode de recueil des avis de la population milloise. Ce cas de figure n’étant prévu par aucune procédure légale, nous nous sommes attachés à respecter les exigences de ré information de la population sur le projet retenu en 2019, l’intégrité et la sincérité du recueil des avis donnés. A la demande des habitants, un lieu a donc été ouvert sans discontinuité horaire de 8h à 16h30, y compris un samedi pour permettre de recueillir la plus large expression.

Le projet, voulu à l’époque pour préserver le cœur du village, sa commercialité et la quiétude des habitants, ne fait pas disparaitre la circulation afférente aux zones économiques à proximité. Il le reporte sur un tracé comportant un aménagement plus adapté à la circulation, dans une zone moins habitée, dans un espace vierge, jusqu’alors, de tout trafic. Des voix s’élèvent aujourd’hui contre. Conçu pour que les habitants des Milles puissent être le moins impactés possible par le trafic, il me parait important aujourd’hui que chacun puisse donner son avis de façon indépendante. Si le projet ne correspond pas à la volonté des millois, alors, il me paraîtrait extravagant de le leur imposer ; en revanche, s’ils en veulent la poursuite, la voix de ceux qui sont contre ne doit pas couvrir celle de la majorité d’entre eux.

Je comprends que l’on soit pour ou contre un projet, que l’on se batte pour faire valoir son opinion et ses arguments. En revanche, je ne peux souscrire au désir de vouloir faire taire la voix de certains pour étouffer celle des autres. Raison pour laquelle j’ai décidé de cette démarche. L’exigence de démocratie locale s’est attachée à plusieurs points :

  • que ce recueil d’avis se fasse après exposition des panneaux du projet, tel qu’annoncé après la concertation publique de 2019, durant une période de 4 jours.
  • que ce recueil d’avis se fasse conformément aux exigences d’intégrité républicaine nécessaires : personnes inscrites sur le périmètre d’un village de la ville d’Aix-en-Provence, présence d’un huissier pour préserver l’intégrité des avis donnés dans l’urne recueillant lesdits avis et listes d’émargement, information préalable de la population issue des études lancées par la Métropole.
  • qu’un recueil d’avis des usagers non habitants soit possible. Les zones économiques sont importantes à cet endroit de la ville et si leurs avis sont à mon sens moins cruciaux que ceux des habitants, ils seront éclairants sur les besoins ressentis ; et de fait il est important de les collecter.

Ceux qui n’ont pas compris - ou fait mine de ne pas comprendre - que ce recueil d’avis était la seule manière de donner la parole à la totalité des riverains sur un projet qui les concerne, ne respectent pas le principe d’expression de la société civile et la règle de majorité inhérente à toute démocratie. Peut-être est-ce parce qu’ils en ont peur…

« N’AYONS PAS PEUR DE LA DÉMOCRATIE DE PROXIMITÉ »

La démocratie n’est pas une option dans notre pays. La démocratie de proximité n’en est pas une non plus pour nos communes. Mais la démocratie n’est pas une question de discours. Plutôt de méthode. Elle ne se décrète pas. La démocratie s’incarne, se vit, se pratique. En tant que maire, je n’ai pas peur d’écouter, y compris les avis contraires et les oppositions. Les initiatives locales doivent pouvoir s’exprimer dans un pays corseté par une forte tradition centralisatrice héritée de l’histoire. Je veux innover dans ce domaine, quitte à bousculer les habitudes et les dogmes.

L’inauguration, au début du mois, rue Bédarrides, de la plaque « La Marseillaise » là où, le 1er décembre 1943, fut créé le journal communiste, reflète notre vision de la libre expression des opinions que nous défendons. C’est dans cet esprit, parce qu’écouter nous rapproche, que nous concevons notre modèle démocratique local. Nous assumons que nos décisions, notre action soient à portée d’engueulades de nos concitoyens. Nous préférons convaincre de l’intérêt général de nos projets, quitte à les amender, que décider sans concertation au risque de diviser.

INTOLÉRANCE
Aussi, lorsque la Métropole veut mettre la main sur nos parkings, lorsque les oppositions tentent d’empêcher la consultation des Millois sur le contournement routier de leur village, nous nous confrontons à une forme d’ingérence et d’intolérance. Nos projets doivent vivre et s’épanouir au bénéfice de l’intérêt général, sans mépris pour les oppositions, et dans un souci de cohésion de tous les Aixois. Pourtant la défiance de certains au sujet de la consultation sur le contournement des Milles en dit long sur la conviction de ceux qui assurent d’un côté défendre la démocratie et, de l’autre, en redoutent le verdict. Consulter, écouter les avis, telle est notre méthode. Elle est moderne, elle est nouvelle. N’en déplaisent à tous ceux qui voudraient que rien ne change, nous assumons d’être des précurseurs. Même si notre démarche ne connaît pas d’antécédent nous ne renoncerons pas à la légitimité d’associer le plus largement possible nos administrés aux projets décisifs pour l’avenir de notre commune.

PIONNIERS
À un moment où notre pays est profondément fracturé, il nous appartient en tant qu’élus locaux, de veiller à rétablir la confiance entre les Français et leurs représentants. Mais à notre échelle, cela fait 15 ans que la décentralisation est en panne et que les élus de terrain sont ignorés. Elle régresse même sous l’effet d’une inflation législative à l’origine d’un ensemble institutionnel aujourd’hui confus, coûteux et illisible. Moins de discours, moins de bureaucratie. Plus de proximité, plus de libertés locales, plus de responsabilités pour les collectivités territoriales. La démocratie locale doit permettre aux communes de s’affranchir des nouvelles tutelles, institutionnelles ou morales. C’est dans cet esprit que j’entends œuvrer à un choc de décentralisation de nature à revitaliser la démocratie. Il s’agit de retisser des liens aujourd’hui distendus avec nos concitoyens ; de recueillir les avis de ceux auxquels nos projets se destinent ; d’écouter les attentes du quotidien, dans chacun de nos quartiers et dans chacune de nos rues. Osons changer de paradigme. Soyons les pionniers dans ce domaine !

RÉSISTANCE
Revenons à l’inauguration de la plaque « la Marseillaise » et à l’histoire de ce journal, né de la volonté de quelquesuns de se lever contre la barbarie nazie pour sauver la démocratie. Ils ont pris tous les risques pour faire souffler le vent de la révolte. Ils ont fait honneur à l’histoire de notre pays, patrie des Lumières et phare de la démocratie dans le monde, comme à celle de notre ville, capitale de la Provence. La censure mise en place à l’époque par le régime de Vichy nous rappelle la fragilité de la démocratie et les périls totalitaires dans une Europe en proie à la guerre et aux tentations nationalistes. Le philosophe Alain mettait en garde contre un défaut de vigilance pour la démocratie. « Tout peuple qui s’endort en liberté se réveillera en servitude (…) Ce qui importe n’est pas l’origine du pouvoir c’est le contrôle continu et efficace que les gouvernés exercent sur les gouvernants », disait-il. Donner la parole aux gouvernés en recueillant leur avis est un acte de vigilance démocratique. Ne nous endormons pas… !

UNE POLITIQUE COMMERCIALE DE CENTRE VILLE GLOBALE

Notre politique commerciale de centre-ville est globale pour protéger son exceptionnelle qualité. Qui ne rêve pas d’ouvrir une enseigne dans nos rues du centre-ville ? Que ce soient les enseignes nationales voire internationales, les marques, les franchises, les artisans, les commerces de proximité, la liste est longue.

Chacun doit trouver sa place dans la ville, il est du devoir de la municipalité de préserver la qualité commerciale du centre-ville. Les outils à disposition de la municipalité existent mais sont limités. Que ce soit le stationnement de proximité jusqu’à la réglementation du PLU ou de l’urbanisme de manière plus générale.

J’ai donné ma vision dans un article de la Provence du 13 avril dernier. Celle-ci se combine avec la maîtrise de nos parkings de centre-ville. Dans ce dernier volet, je conteste devant le Tribunal Administratif, la décision de la métropole de s’approprier les 8 parkings enterrés de centre-ville. Ils ne sont pas un outil de mobilité mais de politique commerciale. Le droit de préemption est exercé aujourd’hui sur les murs mais pas sur les baux commerciaux. Le projet sur lequel nous travaillons est de pouvoir l’étendre sur les baux commerciaux, les fonds de commerce et fonds artisanaux. J’envisage prochainement de saisir le conseil municipal sur ce projet afin de garder une capacité d’orienter les types d’enseigne. En parallèle, nous regardons la solution d’une foncière.